Histoire de Spoliations

Einsatztab Reichsleiter Rosenberg

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler et Hermann Göring envisagent de déposséder les vaincus de leurs œuvres d’art.

A la tête de lEinsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), le théoricien Alfred Rosenberg met au point l’organisation des opérations. La spoliation d’œuvres d’art débute en Allemagne dès 1933 avec la confiscation des collections privées des Juifs. Elle s’étend ensuite dans toute l’Europe au fur et à mesure de l’avance de l’armée du Troisième Reich.

Pour justifier ce pillage organisé, les nazis évoquent le Kunstschutz, un principe selon lequel le patrimoine artistique doit être préservé en temps de guerre. Ce pillage est en fait destiné à approvisionner les grands projets culturels du Reich, notamment la Hohe Schule de Leipzig : l’école supérieure, projetée par Rosenberg, doit constituer le principal centre de recherche et de formation universitaires pour l’élite nazie de l’après-guerre.

Jusqu’à la fin du conflit, les nazis procèdent méthodiquement au pillage des collections privées et publiques. Mais l’ERR travaille aussi pour les collections personnelles Hitler et Goering.

L’histoire de la spoliation des instruments de musique

Einsatztab Reichsleiter Rosenberg

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler et Hermann Göring envisagent de déposséder les vaincus de leurs œuvres d’art.

A la tête de lEinsatzstab Reichsleiter Rosenberg (ERR), le théoricien Alfred Rosenberg met au point l’organisation des opérations. La spoliation d’œuvres d’art débute en Allemagne dès 1933 avec la confiscation des collections privées des Juifs. Elle s’étend ensuite dans toute l’Europe au fur et à mesure de l’avance de l’armée du Troisième Reich.

Pour justifier ce pillage organisé, les nazis évoquent le Kunstschutz, un principe selon lequel le patrimoine artistique doit être préservé en temps de guerre. Ce pillage est en fait destiné à approvisionner les grands projets culturels du Reich, notamment la Hohe Schule de Leipzig : l’école supérieure, projetée par Rosenberg, doit constituer le principal centre de recherche et de formation universitaires pour l’élite nazie de l’après-guerre.

Jusqu’à la fin du conflit, les nazis procèdent méthodiquement au pillage des collections privées et publiques. Mais l’ERR travaille aussi pour les collections personnelles Hitler et Goering.

Herbert Gerigk

Une équipe chargée des biens musicaux (instruments, partitions, éditions rares, manuscrits, disques) est constituée : le Amt Musik (le Bureau Musique). Pour le diriger, Alfred Rosenberg désigne Herbert Gerigk.

Gerigk, musicologue de formation et spécialiste de Verdi, s’était illustré par des prises de position radicalement et viscéralement antisémites

Herbert Gerigk, © Bundesarchiv, Berlin

Dans les années 30, Gerigk, musicologue de formation et spécialiste de Verdi, s’était illustré par des prises de position radicalement et viscéralement antisémites. Rédacteur en chef de la revue Die Musik, il n’hésite pas à exprimer publiquement ses idées et va même jusqu’à mettre sur le compte des juifs ses moindres déconvenues professionnelles.

Ses convictions politiques et sa notoriété grandissante lui permettent en 1935 de prétendre au titre de Leiter der Hauptstelle Musik beim Beauftragten des Führers für die Überwachung der gesamten geistigen und weltanschaulichen Schulung und Erziehung der NSDAP (Directeur du bureau principal de la musique, sur ordre du Führer, pour la supervision de toute l’éducation mentale et idéologique du NSDAP).

A la tête de l’Amt Musik, il met en place et dirige toutes les actions visant à éloigner les juifs de la vie musicale.

Le « Lexikon der Juden in der Musik »

 

En 1940, Herbert Gerigk publie un ouvrage co-écrit avec Theo Stengel, le Lexikon der Juden in der Musik, qui accompagne l’entrée en vigueur des lois anti-juives

Ce dictionnaire est un outil opérationnel que Gerigk espère évolutif : dans l’introduction qu’il signe de son nom, il appelle le lecteur à contribuer à sa mise à jour. Il établit un inventaire des interprètes, chefs d’orchestre, compositeurs, producteurs, organisateurs, et éditeurs juifs ou assimilés. C’est également un catalogue des œuvres juives qui couvre tous les répertoires et toutes les époques. Gerigk en fait l’outil indispensable aux équipes chargées de débarrasser la vie musicale de toute influence juive

Le Lexikon der Juden in der Mus

Lexikon der Juden in der Musik, Bernhard Hahnefeld Verlag, Berlin, © Bundesarchiv, Berlin

Le Sonderstab Musik

Lorsque l’ERR s’installe à Paris en 1940, la section en charge de la musique prend le nom de Sonderstab Musik.

Rosemberg

Alfred Rosenberg

Gerigk se voit confier par Alfred Rosenberg la direction de ce nouveau service. Basé en France, son domaine d’intervention s’étend à la Belgique et aux Pays-Bas. Gerigk prend possession de ses premiers locaux le 17 août 1940, à l’Hôtel Commodore(1), boulevard Haussmann, où l’ERR est également installé. Le service déménagera une première fois en 1941, 54 avenue d’Iéna, puis, en 1942, 12 rue Dumont d’Urville.

Sa mission première est la confiscation du matériel à caractère musical « abandonné » (herrenlos) dans les territoires occupés d’Europe Occidentale et la « vérification » de l’éventuelle origine allemande de tout document musical saisi dans ces territoires. Plus tard, son action s’étendra à la confiscation, à l’emballage et à l’expédition en Allemagne des biens musicaux saisis.

Dans la ligne de mire du commando figurent non seulement des interprètes, mais aussi les maisons de disques : il fallait empêcher l’enregistrement de musique « dégénérée »(2), détruire les stocks ou supprimer les disques des bacs et veiller à ce qu’aucun interprète juif ne figure sur les programmes. Les fonds d’archives et les bibliothèques publiques ou privées sont également les objets d’une surveillance approfondie, car Gerigk pensait pouvoir y trouver des manuscrits de compositeurs autrichiens ou allemands : Mozart, Glück…

Son équipe a évolué durant la guerre et a pu comporter jusqu’à 8 personnes.

Parmi celles-ci, le musicologue allemand Wolfgang Boetticher et le luthier alsacien Peter Vogelweith, responsable de l’achat et de l’emballage des instruments.

Pascale Bernheim – Musique et spoliations

(1) L’hôtel Commodore, inauguré en 1927, était situé 12 boulevard Haussmann, 75009, à l’emplacement de l’actuel hôtel Millenium Paris Opéra.

(2) Musique dégénérée est la traduction de l’allemand : Entartete Musik, littéralement une « musique qui s’éloigne de son espèce ». Le terme entartet, issu de la biologie, fut appliqué au domaine musical par le régime nazi pour désigner certaines formes de musiques considérées comme nuisibles ou décadentes, notamment la musique moderne, le jazz et la musique écrite par des compositeurs juifs ou communistes. Dans le cadre des premières journées de la musique du IIIeReich, une exposition intitulée « Entartete Musik » est inaugurée à Düsseldorf le 24 mai 1938. Elle accueille le public jusqu’au 14 juin. Parmi les artistes présentés, on trouve : Giacomo Meyerbeer ; Félix Mendelssohn (1819-1847) : le musicologue nazi, Karl Blessinger, décrit Menselssohn, comme l’archétype du juif assimilé falsificateur de culture ; Gustav Mahler (1860-1911) ; Béla Bartók (1881-1945) qui a demandé, comme un honneur de figurer dans cette exposition ; Igor Stravinski (1882-1971) ; Darius Milhaud (1892-1974) ; Arnold Schönberg (1874-1951) ; Franz Schreker (1878-1934) ; Kurt Weill (1900-1950) ; Berthold Goldschmidt (1903-1996) ; Hanns Eisler (1898-1962) ; Anton Webern (1883-1945) favorable au régime ; Paul Hindemith (1895-1963) ; Alban Berg (1885-1935) ; Karl Amadeus Hartmann (1905-1963) ; Boris Blacher (1903-1975) ; Viktor Ullmann (1898-1944) ; Joseph Marx (1882-1964) ; Pavel Haas (1899-1944) ; Franz Schmidt (1874-1939) ; Erwin Schuloff, (1894-1942), Jefim Golyscheff (1897-1970) ; Erich Korngold (1897-1957) ; Miklos Rozsa (1907-1995) ; Eric Zeisl (1905-1959) ; Franz Waxman (1906-1967) ; Alexander von Zemlinsky (1871-1942) ; Rudolf Karell (1880-1945) ; Léon Jessel (1871-1942) ; Norbert Glanzberg (1910-2001), etc.